Cette critique se trouve dans le n°49 de la revue Galaxies.
La voici :
"Meddy Ligner s’est fait
connaître par sa direction d’anthologies historiques chez Rivière blanche (Dimension Antiquité ou Dimension Moyen Âge) et par son propre
travail d’auteur. Il avait d’ailleurs précédemment signé pour Armada une
uchronie basée sur la déferlante mongole du XIIIe siècle, Les Roses de Karakorum. C’est désormais à l’empire romain qu’il
s’intéresse, à travers douze histoires distinctes, étalées dans le temps du
début de notre ère à un avenir lointain. Bien sûr, sur ce thème d’une
civilisation romaine ayant surmonté ses difficultés internes et externes pour
viser l’éternité, on pense immédiatement à Roma
Aeterna de Robert Silverberg, ou à l’ambitieux Latium de Romain Lucazeau. Pourtant, Meddy Ligner parvient à
apporter un ton personnel, en proposant des portraits très humains, autant de
tableaux de vies simples, formant l’histoire populaire d’une romanité
alternative.
De récit en récit, se
retrouvent des allusions à tel ou tel personnage déjà découvert, renforçant
d’autant la cohérence de cette autre temporalité. Cela commence très fort par
« L’aigle et le poisson », traversé par le sort tragique d’un
légionnaire et dont la chute ne peut laisser indifférent. Par la suite, le
lecteur découvre comment les fils de la louve ont bâti leur propre Grande
Muraille en pleine terre russe (« Voyage sur les bords du monde »),
comment ils ont écrasé la menace viking (le récit de gladiature « Némésis
à Thysdrus »), comment également ils se sont lancés dans des voyages de
découvertes, dont l’issue se révéla parfois dramatique (« L’Eolypile et la
théorie de Ptolémée »), et comment la conquête de l’Amérique du nord
engendra des conflits d’identité (« Aussi limpide que l’eau des
rivières »). Quelques récits se révèlent plus ambitieux sur le plan
formel : « Les chemins d’Antioche » imagine ainsi les parcours
pluriels de deux amis adolescents et de la fille dont ils sont amoureux, autant
d’uchronies individuelles concluant à une forme de fatum plus fort que tout. « A l’ombre du Gracque », en
plus de s’intéresser aux bouleversements révolutionnaires d’un empire romain de
plus de deux mille cinq cents ans d’âge, raconte la réalisation d’un attentat à
travers le vécu de plusieurs passagers du même train, une très belle symphonie
narrative. « Le glaive de Vercingétorix », enfin, relie passé et
présent à l’heure de la conquête de Mars, autour de la réconciliation entre une
fille et son père. Une chronologie et un lexique complètent ce recueil à la
lecture très agréable."
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